Le Grand Numéro de Chanel par Bertrand Burgalat
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À l’occasion de l’exposition Le Grand Numéro de CHANEL au Grand Palais Éphémère, Bertrand Burgalat a reçu carte blanche pour créer un vinyle exceptionnel et inédit, vendu en tirage limité dans la boutique du musée. La version numérique est disponible sur toutes les plateformes.
De John Cale à Thierry Escaich en passant par Ala.ni, les Comateens, Karol Beffa et Claude Delay, plus proche amie de Gabrielle Chanel, c’est un voyage singulier et sur-mesure.
« Dans ce projet, c’est comme si l’auteur du disque était Chanel… l’imaginaire de la maison a inspiré, presque naturellement, chacun des artistes présents sur ce vinyle » B.B., Numéro, propos recueillis par Delphine Roche.
Bertrand a composé pour l’occasion deux chansons : “Mémoires d’une goutte de parfum”, sur un texte de Matthias Debureaux avec Suzanne Debureaux au chant, et “Étranges sillages”, remixé par Yuksek, avec des paroles d’Hélène Pince et la voix de Valli. Il a également arrangé et produit “Premier orage”, de Catastrophe.
Le Grand Numéro de CHANEL par Bertrand Burgalat
FACE A
A1. John Cale “Paris 1919”
A2. Bertrand Burgalat et Suzanne Debureaux “Mémoires d’une goutte de parfum”
A3. Bertrand Burgalat et Valli “Étranges sillages (Yuksek Remix)”
A4. Karol Beffa “Rainbow pour piano et orchestre à cordes”
FACE B
B1. Comateens “Don’t Come Back (Alge Remix)”
B2. ALA.NI “Paris Theme (Memories Of You)”
B3. Catastrophe “Premier orage”
B4. Thierry Escaich “A l’improviste”
Interview de B.B. (Numéro)
Notes de pochette
« Chanel a inventé la grâce. »
Lundi 29 août 2022, 11h05, rue des Archives. Nous sommes chez Claude Delay. L’intime. « Notre amitié fut une suite de demain. ». Au mur, Cocteau, Bérard, un portrait de Gabrielle C. par Vertès et bien d’autres merveilles. Une voix d’adolescente, une intelligence affranchie, précise et aimable.
« Le Grand Numéro est un nom absolu qui, en quelque sorte, rejette tout ce qui n’est pas lui. Pour qu’on le regarde. Et qu’on le reconnaisse. C’est ce qui caractérise Chanel. Elle avait le sens absolu du parfum, qui comptait énormément pour elle. Elle me disait toujours : ‘tu sais, l’odorat est le seul sens qui soit resté animal’. Et je crois qu’elle avait totalement raison. Parce que dans notre monde tellement distribué, cette violence du parfum et son unicité nous émeuvent, nous rejoignent jusqu’à l’inconscient. »
Musique, parfum : ces ondes nous laissent les souvenirs les plus forts. Mais s’il est possible de retrouver, intacte, une mélodie qui nous avait ensorcelé, reconstituer la mémoire olfactive s’avère difficile. Cette immatérialité nous tire vers le haut. J’ai toujours pensé qu’on pouvait envisager une marque ou un produit comme une source d’inspiration. Le futuriste Depero consacrait peintures et poèmes à la gloire de Campari ; en 1966 Ken Nordine enregistra Colours, album unique de spoken word et de jazz reprenant les spots publicitaires qu’une marque de peinture lui avait commandés. Si de tels objets du quotidien peuvent nous stimuler, que dire de Chanel ? Tout y est conçu pour transcender le réel et provoquer l’imagination : personnage, protagonistes, créations, aventure humaine et industrielle, l’entreprise elle-même, si particulière, qui n’en fait qu’à sa tête, évoquant le Nec pluribus impar de Louis XIV ou cette phrase d’Akio Morita, le roi-soleil de Sony : « nous faisons ce que les autres ne font pas ». Chanel fait ce que les autres ne font pas, et l’exposition au Grand Palais Éphémère nous permet de tenter d’approcher l’essence du luxe, en créant un album véritablement sur mesure avec des artistes que j’admire.
J’ai tout de suite pensé au Paris 1919, de John Cale, qui parvient à capter l’esprit d’époque sans faire appel à aucun des éléments d’origine. « Un parfum Chanel, c’est d’abord une rupture » (Christine Theron). Enregistré en 1973, deux ans après la disparition de Chanel, Paris 1919 ne ressemble à aucun disque de son époque, ce qui en a fait ensuite un des enregistrements majeurs de la décennie. Partir du chef-d’œuvre de ce Gallois établi à New York, loin d’intimider ou paralyser, s’est révélé galvanisant.
Matthias Debureaux a proposé de rédiger les Mémoires d’une goutte de parfum, voyage des champs de roses Chanel jusqu’à une machine à laver. Il faut 22 fleurs pour 1 goutte d’extrait N°5. Trois fois par jour, des notes de piano aux fréquences choisies pour leur qualités thérapeutiques sont diffusées sur la parcelle. J’ai créé la musique de façon à ce que chaque harmonie apparaisse puis disparaisse comme sortie d’un orgue à parfums, que les accords changent tout en donnant l’impression de ne pas bouger. C’est la fille de Matthias, Suzanne Debureaux, 16 ans, qui chante.
11h22. Claude Delay : « Et le sillage… Le sillage est reconnaissable. Elle se parfumait beaucoup. Elle ne supportait pas que ça ne sente pas. Elle avait un septième sens ».
Etranges sillages c’est d’abord un instrumental, Etranges nuages. Je cherchais à composer une plage à la fois onirique et dansante, soutenu par la guitare de Stéphane Salvi, les voix d’Alice Lewis et Blandine Rinkel, le mixage de Yuksek. Puis Hélène Pince a écrit. Ses mots sur Chanel, épatants, n’avaient pas été faits sur ce titre, mais il y a, comme toujours chez elle, une musicalité qui m’a donné envie d’essayer de les faire coïncider avec les accords. Pour les porter, Valli, son timbre, sa diction, son charme étaient une évidence.
Rainbow pour piano et orchestre à cordes, de Karol Beffa est une pièce en apesanteur, en suspension, qui flotte, comme du parfum. Enfant puis adulte prodige, octuple premier prix de conservatoire à Paris, triple licencié, collectionneur de masters, normalien, statisticien, Karol est diplômé en tout, mais son brio n’est jamais stérile, sa virtuosité ne s’exerce pas au détriment de la sensibilité, ses partitions ont une âme. Ces 6’55’’ sont un enchantement, lorsque j’entends son ‘Rainbow’ je me dis qu’il n’y a pas de musique plus belle.
Don’t Come Back, des Comateens, c’est le Paris d’Antonio Lopez et des américains qui ne veulent plus rentrer chez eux. Nick : « C’est une chanson sur certains de nos amis, qui étaient vraiment proches du groupe, nous soutenaient et que nous voulions saluer. Elle commence par “One day my friend Bonnie moved away, she went to Paris and she’s there to stay“. Bonnie était une femme dont j’étais follement amoureux, et elle ne portait que Coco, de Chanel. Jusqu’à aujourd’hui, chaque fois que je sens Coco de Chanel je pense à elle, et c’était il y a trente-huit ans ! »
Blandine Rinkel, de Catastrophe : « Premier orage se révèle dans la nuit, sa joie tenant du mystère. Le morceau évoque le parfum de la pluie d’été. Celle qui jaillit comme une surprise, quand on s’y attendait le moins, et marque, dans le corps, comme un avant et un après. Un parfum qui tient, à jamais, de l’enfance et du temps qui passe. »
J’avais déjà demandé à Ala.ni de prêter sa voix à des films Chanel, il y a chez elle une grâce et une élégance qui cadrent. Son Paris Theme (Memories of You) est fidèle à l’esprit d’un Paris international, une carte postale qui n’a rien d’un cliché.
Ala.ni :
“Dressed in Chanel
As my heart fell
The pain will soon be over
But the style will last forever”
11h57. Claude Delay : « Le hasard était un Dieu pour Chanel ».
Successeur de Maurice Duruflé à la tribune de Saint-Etienne-du-Mont, élu en 2013 à l’Académie des beaux-arts de l’Institut de France, Thierry Escaich, musicien majeur, est un des plus grands organistes et un compositeur joué dans le monde entier. Un improvisateur extraordinaire, aussi, art rare qui tient chez lui de la composition instantanée et de la magie.
« C’était le 14 juillet. Je suis venu à vélo de chez moi, à Rosny-sous-Bois. Au dernier feu rouge avant le studio CBE rue Championnet, j’ai écouté ‘Qui qu’a vu Coco dans l’Trocadéro ?’, cette chanson associée à Chanel et à ses débuts à Moulins, même si c’est d’abord son père qui l’appelait Coco. Je me souviens d’avoir garé la bicyclette dans la régie, sous une photo de Claude François au même endroit. Ça avait un côté improvisé, littéralement. Pour ne rien te cacher, je ne pensais pas qu’on allait enregistrer ce jour-là. Tu m’avais dit de passer, je pensais ‘il veut peut-être me montrer les instruments pour que je sache quoi faire ensuite’. Puis tu m’as annoncé que l’ingénieur du son était là, et tu m’as soumis l’idée d’évoquer Stravinsky. J’ai immédiatement improvisé une prise au piano et au piano électrique, qu’on a conservée, et sur laquelle j’ai rajouté de l’orgue et du synthétiseur. L’orchestration s’est imposée d’elle-même. A l’improviste est la rencontre entre cette mélodie de chanson populaire parisienne, puisée quelques secondes sur internet, et la grande tradition française de musique savante incarnée par Stravinsky et son Petrouchka. Ça résume la vie de Chanel, je me suis glissé avec mon vélo là-dedans. »
Merci Thomas du Pré de Saint Maur, Simon Amedro, Christine Theron et Claude Delay pour leur confiance, leurs conseils et leurs encouragements. Merci aux artistes, aux musiciens et aux équipes Chanel. La musique nous permet de nous évader, de rêver, de danser, et parfois aussi de faire de belles rencontres.
Il est 12h21, heure miroir. « Je suis un des derniers témoins ». Huit secondes de silence. « Voulez-vous un porto ? »
Bertrand Burgalat
Crédits
A1. JOHN CALE “Paris 1919”
Paroles et musique John Cale, éditions Domino Recording Co. Ltd.
Voix, basse, guitare, alto, claviers John Cale
Batterie Richie Hayward
Basse Wilton Felder
Guitare Lowell George
Claviers Bill Payne
Enregistré à Sunwest Recording Studios, Hollywood
Arrangé par John Cale
Produit par Chris Thomas
(P) : 1973 Domino Recording Co. Ltd. © : 2017 Domino Recording Co. Ltd.
A2. BERTRAND BURGALAT et SUZANNE DEBUREAUX « Mémoires d’une goutte de parfum »
Paroles Matthias Debureaux, musique Bertrand Burgalat, Editions Tricatel
Chanté par Suzanne Debureaux
Tous instruments B.B. sauf flute basse et cor anglais Renaud-Gabriel Pion
Enregistré au Studio du Comminges par B.B., et au studio CBE par Alexandre Vitrac
Mixé par Stéphane Lumbroso à Datcha Studio
Arrangé par Bertrand Burgalat
Produit par Bertrand Burgalat
(P) & (C) 2022 Tricatel
A3. BERTRAND BURGALAT et VALLI « Étranges sillages (Yuksek Remix) »
Paroles Hélène Pince, musique Bertrand Burgalat, Editions Tricatel
Voix Valli enregistrée au studio CBE par Alexandre Vitrac
Guitare Stéphane Salvi
Choeurs Alice Lewis, Blandine Rinkel
Instruments, choeurs B.B.
Remixé par Yuksek
Mixé par Stéphane Lumbroso à Datcha Studio
Arrangé et produit par Bertrand Burgalat
(P) & (C) 2022 Tricatel
A4. KAROL BEFFA « Rainbow » pour piano et orchestre à cordes
Musique Karol Beffa, Editions Little Tribeca
Ensemble Contraste dirigé par Johan Farjot
Mixé et masterisé par Aline Blondiau, assistée de Mireille Faure au studio Aparté – Little Tribeca
(p) 2013 Over The Rainbow © 2015 Little Tribeca
CLAUDE DELAY « Voulez-vous un porto ? »
B1. COMATEENS “Don’t Come Back (Alge Remix)”
Paroles et musique Lyn Bird Altemus et Nicholas Dembling, Editions Tricatel
Voix, claviers Lyn Byrd Altemus
Basse, claviers, clavier solo, voix Nicholas Dembling
Guitares Oliver Dembling
Batterie, percussions Chuck Sabo
Enregistré par Peter Solley à Criteria Studio, Miami, en avril 1984
Remixé par Chris Lord-Alge en octobre 1984 à Unique Studios, New York
Produit par Peter Solley
(P) 1984 © 2019 Tricatel
B2. ALA.NI “Paris Theme (Memories of You)”
Paroles ALA.NI, musique ALA.NI et Rob Shirakbari, éditions Downtown Music
Publishing LLC
Voix ALA.NI
Piano Rob Shirakbari
Enregistré et mixé à The Dairy, Londres, par Rob Shirakbari
Produit par Rob Shirakbari
(P) 2015 ALA.NI © 2015 Downtown Music Publishing LLC
B3. CATASTROPHE « Premier orage »
Paroles Pierre Jouan et Blandine Rinkel, musique Pierre Jouan, Editions Tricatel
Voix Blandine Rinkel, Arthur Navellou, Carol Teillard d’Eyry, Pierre Jouan
Batterie Bastien Bonnefont
Percussion Carol Teillard d’Eyry
Basse Pablo Brunaud
Guitare Stéphane Salvi
Piano et Wurlitzer Pierre Jouan
Violons Anouk Ross, Henri Gouton, Youri Bessières
Violoncelle Vincent Catulescu
Alto : Andrei Malakhov
Saxophone ténor, cor anglais et flute basse : Renaud-Gabriel Pion
Marimba et instruments additionnels B.B.
Enregistré au studio CBE par Alexandre Vitrac assisté de Shaney Lefol
Mixé par Stéphane Lumbroso à Datcha Studio
Arrangé et produit par Bertrand Burgalat
(P) & (C) 2022 Tricatel
B4. THIERRY ESCAICH « A l’improviste »
Musique Thierry Escaich, Editions Tricatel
Interprété par Thierry Escaich
Enregistré au studio CBE par David Mestre
Mixé par Stéphane Lumbroso à Datcha Studio
Orchestré par Thierry Escaich
Produit par Bertrand Burgalat
(P) & (C) 2022 Tricatel
Claude Delay « Le parfum, arme secrète »
Coordination : Cyril Vessier et Alix Ménoret (Tricatel)
Mastering Chab, Chab Mastering
Gravure sur laques par Marie Pieprzownik, Translab
Pressé à Annecy par La Manufacture de Vinyles
Fabriqué en France